Repenser la prospérité rurale : Euromontana contribue à la nouvelle publication de l’ESPON intitulée « Prospérer au-delà des chiffres »
L’ESPON vient de publier un nouvel article intitulé « Thriving beyond numbers : rethinking rural prosperity » (Prospérer au-delà des chiffres : repenser la prospérité rurale), qui explore comment les zones rurales et montagneuses européennes peuvent aller au-delà des indicateurs de croissance traditionnels pour mieux refléter le bien-être, la résilience et le « droit de rester ». Cet article s’appuie largement sur les conclusions du projet ESPON RURALPLAN, dans lequel Euromontana et deux de nos membres norvégiens, le comté d’Innlandet et l’Université des sciences appliquées de Norvège intérieure, ont joué un rôle actif.
La publication met en évidence un consensus croissant : mesurer la performance des territoires ruraux uniquement à l’aune du PIB ou de l’évolution démographique ne permet pas de saisir ce qui importe vraiment pour les habitants, en particulier dans les zones de montagne où les structures démographiques et économiques diffèrent considérablement de celles des centres urbains. Dans cet article, Guillaume Corradino, directeur d’Euromontana, souligne que le succès des territoires ruraux et montagneux ne peut être évalué à travers le même prisme que celui des villes : soutenir le droit de rester et permettre aux communautés de prospérer à travers les générations restent des priorités essentielles pour les zones montagneuses d’Europe.
Les enseignements du projet RURALPLAN
Le projet ESPON RURALPLAN fournit des outils pratiques pour répondre à ce changement de perspective. En collaboration avec nos partenaires norvégiens, Euromontana a contribué aux travaux du projet visant à développer de nouveaux indicateurs territoriaux et des modèles de gouvernance stratégique adaptés aux réalités rurales.
Parmi les principales conclusions du projet mises en avant dans la publication :
- Les indicateurs de résilience au sens large devraient prendre en compte les facteurs de stress pertinents pour les zones montagneuses, tels que la cohésion sociale, le bien-être, la capacité de gouvernance, le risque d’incendie, la sécheresse, la fiabilité de l’enneigement ou l’accès aux services essentiels.
- Les autorités locales peuvent intégrer les indicateurs de bien-être dans leur planification et leur budgétisation, non pas comme des charges administratives, mais comme des outils permettant de prendre des décisions plus éclairées.
- Les « laboratoires ruraux » locaux et les plateformes d’apprentissage permanentes contribuent à assurer un suivi régulier, une coopération intersectorielle et une appropriation à long terme des innovations.
- Les barrières narratives restent fortes : l’idée que « déclin » rime avec « échec » domine toujours les cultures politiques, alors que de nombreuses zones rurales et montagneuses privilégient la qualité de vie plutôt que la croissance traditionnelle.
- Les projets pilotes RURALPLAN ont démontré que l’innovation rurale est plus efficace lorsqu’elle est co-créée localement, intégrée dans les cycles de planification et adaptée à la diversité des réalités rurales, des montagnes aux îles en passant par les territoires transfrontaliers.
La nécessité d’un changement culturel
La publication souligne que les zones rurales et montagneuses d’Europe contribuent à des objectifs sociétaux plus larges, allant de la sécurité alimentaire à la résilience climatique et à la gestion des paysages. La reconnaissance de ces contributions nécessite de nouveaux modèles de gouvernance, des règles plus simples et des systèmes d’évaluation qui valorisent ce qui est gagné plutôt que ce qui est dépensé.
Pour les zones montagneuses, ce changement de mentalité est essentiel pour garantir que les politiques reflètent leurs besoins et leurs atouts spécifiques, et que les indicateurs soutiennent véritablement le droit de rester.