Pastoralisme

Le pastoralisme est l'élevage extensif d'animaux sur des pâturages naturels et des parcours. Il repose sur l'interdépendance entre l'agriculteur, le troupeau et le milieu naturel montagnard. Bien qu'il fournisse de nombreux services écosystémiques et favorise la production extensive, le pastoralisme est confronté à un certain nombre de défis, notamment un manque de valorisation et l'impact du changement climatique. Euromontana plaide pour un soutien accru au pastoralisme, en mettant l'accent sur les conditions de travail, la promotion des produits et un dialogue constructif.

Soutenir le pastoralisme face à des défis multiples

Le pastoralisme est essentiel au maintien de la vitalité des régions montagneuses, à la fourniture de services environnementaux et à la préservation des savoir-faire traditionnels. Cependant, les éleveurs sont confrontés à un certain nombre de difficultés qui ont entraîné un déclin drastique des pratiques pastorales en Europe au cours des dernières années. D’une part, ils sont confrontés à des politiques européennes inadaptées, à un manque de différenciation entre les pratiques agricoles intensives et extensives et à la perte d’attractivité des métiers pastoraux. D’autre part, l’impact croissant du changement climatique menace l’avenir du pastoralisme.

Nous appelons à

  • Adopter un Plan d’Action européen pour le Pastoralisme, axé sur la promotion des activités pastorales et l’amélioration des conditions de travail dans le secteur. En particulier, l’UE et les États membres doivent veiller à ce que les conditions de travail soient favorables (en garantissant des infrastructures telles que des connexions routières et des logements), à ce que les bergers aient la possibilité de se former grâce à la création d’écoles pastorales, et à ce que les procédures de recrutement soient facilitées, y compris pour les travailleurs saisonniers.
  • Promouvoir l’adaptation de la filière au changement climatique avec le soutien de structures de conseil comme les chambres d’agriculture et les programmes européens tels que LIFE et Horizon Europe. Une attention particulière devrait être accordée aux ressources en eau, à la résilience des cultures fourragères et à l’utilisation de races adaptées.
  • Valoriser les produits pastoraux, notamment par la mise en œuvre de la Mention de Qualité Facultative « Produit de montagne ».
  • Tirer parti de l’Année Internationale des Parcours et des Éleveurs en 2026 et de la réforme de la PAC post-2027 pour mieux promouvoir le pastoralisme en Europe.

Valoriser les services écosystémiques rendus par le pastoralisme

Le pastoralisme fournit un grand nombre de services écosystémiques. Ces services sont évidemment liés à l’approvisionnement, en fournissant des produits tels que le fourrage, le lait ou la viande, ou des ressources de biomasse utilisées à des fins ornementales ou textiles. En outre, en maintenant des paysages ouverts et des traditions, le pastoralisme fournit des services dits culturels, liés à des activités éducatives, récréatives et écotouristiques.

Les activités pastorales fournissent également un large éventail de services écosystémiques moins visibles mais essentiels en montagne. Elles contribuent de manière déterminante, par exemple, à la fourniture de services de soutien qui créent les conditions de base du développement des écosystèmes, tels que la régulation du cycle de l’eau et la fertilisation des sols. Le pastoralisme fournit également des services dits de régulation, qui sont particulièrement importants pour la prévention des risques naturels et l’adaptation au changement climatique dans les zones de montagne. À cet égard, les activités pastorales contribuent largement à prévenir les incendies de forêt en limitant la propagation des petits arbustes dans les zones sujettes aux incendies, en stockant le carbone dans les prairies permanentes, en contrôlant l’érosion des sols et en prévenant les inondations.

En Europe, la valeur totale des services écosystémiques fournis par le pastoralisme est estimée à 71 milliards d’euros par an. Pourtant, peu d’attention est accordée à ces bénéfices pour la société et les écosystèmes.

Nous appelons à

  • Mieux promouvoir le pastoralisme comme pratique d’élevage durable et sensibiliser aux bénéfices environnementaux et sociaux qu’il apporte, notamment par le biais de la Politique de Promotion de l’UE et d’activités renforçant les liens entre les zones rurales et urbaines.
  • Développer les activités de recherche sur les services écosystémiques associés au pastoralisme, en particulier à travers les programmes européens LIFE et Horizon Europe.
  • Encourager les paiements pour les services écosystémiques fournis par les activités pastorales, particulièrement par le biais des éco-régimes de la Politique Agricole Commune.

Favoriser la coexistence pour le maintien du pastoralisme

Depuis plusieurs décennies, le secteur pastoral est confronté à la pression croissante des grands carnivores, en particulier des loups. Les tendances de la population de loups semblent être à la hausse, et on estime qu’il y aura environ 20 000 loups dans l’Union européenne en 2022. Euromontana, qui rassemble un large éventail d’acteurs de la montagne, souligne l’importance de préserver à la fois la biodiversité des montagnes et les méthodes d’élevage traditionnelles et durables, et vise une approche équilibrée de la coexistence avec les grands carnivores.

Nous appelons à

  • Harmoniser les techniques de recensement des grands carnivores dans tous les pays européens (UE et hors UE) et créer une base de données européenne accessible en ligne à tous.
  • Sensibiliser le public et organiser un dialogue multi-acteurs constructif au niveau national et régional sur le retour du loup en montagne afin de favoriser une meilleure communication entre les décideurs politiques, les éleveurs et les environnementalistes.
  • Communiquer auprès du grand public sur les chiens de protection afin d’éviter tout conflit d’usage entre pastoralisme et tourisme en montagne.
  • Maintenir les financements de la Politique Agricole Commune pour aider à prévenir ou compenser la prédation, notamment l’acquisition de chiens de protection et la compensation des pertes.
    Réviser la directive Habitats et la Convention de Berne si nécessaire pour s’adapter aux évolutions positives ou négatives de la conservation des grands carnivores.
  • Investir dans la recherche et l’innovation et dans l’échange de bonnes pratiques qui favorisent la coexistence, car des études de cas ont montré que la coexistence est possible lorsque des mesures de protection efficaces sont adoptées.